Intervention
De façon générale, l’intervention professionnelle peut être définie comme l’acte conscient et volontaire d’un tiers « professionnel » visant à produire un changement (considéré comme positif) chez un individu, un groupe, un collectif, ou dans une situation jugée « problématique ».
L’intervenant est tiers aidant, soit un « aidant professionnel, un spécialiste dont la compétence dans un domaine précis lui permet d’intervenir (…), il cherche à modifier ou à influencer le comportement de manière à modifier ou interrompre l’évolution d’une situation, d’un état jugé indésirable" (Brabant, 2006).
Le mot « intervention » est « plus fort que celui d’action, bien qu’utilisé de façon synonyme » (Robertis, 1981, p. 82, cit. par Nélisse, 1993, p. 167). En effet, outre une dimension active (prendre part volontairement à une action en cours), il a aussi une dimension coercitive (agir sur quelqu’un ou agir sur la situation). Il évoque aussi, en accord avec son étymologie latine, une certaine idée de « médiation » puisque « intervenir » signifie « « survenir pendant, se trouver entre, interrompre, se mêler à ».
Le concept d’intervention dans les métiers d’éducation et de formation
Le concept d’intervention est devenu central dans les discours des métiers d’éducation et de formation, puisqu’on y affirme que « tout acte professionnel s’adressant à autrui et l’impliquant est en soi une intervention » (Alaoui, Pelletier et Lenoir, 2018, p. 3).
Les métiers d’éducation et de formation ayant pour « objet principal et immédiat la transformation d’autrui, de sa personne » (Bourdoncle et Demailly, 1998, p. 19) sont décrits comme métiers du « travail sur autrui » (Dubet, 2005), ou encore, en mettant l’accent sur l’accompagnement, comme métiers du travail « avec autrui » (Astier, 2009). Maubant et Roger (2012, 1) préfèrent parler de métiers ou professions « adressés à autrui », se composant d’activités « qui requièrent l’adhésion du sujet, objet de l’intervention et qui visent sa transformation » (Ibid).
D’autres chercheurs soulignent que les métiers qui engagent un travail « avec et pour l’humain » sont des métiers de « relation d’aide» (Cifali et Périlleux , 2012). Dans cette perspective, le terme intervention désigne « une catégorie générale et synthétique regroupant des perspectives, des états d’esprit, des manières de pensée et de faire contemporaines qui généralisent et modulent de plus en plus de pratiques qui se dénommaient – et se dénomment encore au besoin – aider, conseiller, former, assister, supporter, soigner, adapter, insérer, animer, diriger, aviser, surveiller, prendre en charge » (Nélisse et Zúñiga, 1997, p. 5).
Bibliographie
Alaoui, D., Pelletier, L. & Lenoir, Y. (2018). L’intervention éducative : problématique, enjeux et perspectives. Revue des sciences de l’éducation, 44 (3), 1–16.
Astier, I. (2009). Les transformations de la relation d'aide dans l'intervention sociale. Informations sociales, 152(2), 52-58.
Bourdoncle, R. & Demailly, L. (dir.) (1998). Les professions de l'éducation et de la formation. Lille, France : Presses Universitaires du Septentrion.
Brabant, L. (2006). Le concept d’intervention dans les champs disciplinaires des sciences humaines. Sherbrooke, Québec : Presses de l’Université de Sherbrooke.
Cifali, M. & Périlleux, T. (2012). Les métiers de la relation malmenés. Répliques cliniques. Collection Savoir et Formation. Paris, France : L’Harmattan.
Dubet, F. (2002). Le déclin de l’institution. Paris, France : Le Seuil.
Maubant, P., & Roger, L. (2012). Les métiers de l’éducation et de la formation: une professionnalisation en tensions. Revue internationale de pédagogie de l’enseignement supérieur, 28 (1). En ligne: https://journals.openedition.org/ripes/593
Nélisse, C. (1993). L’intervention: une surcharge du sens de l’action professionnelle. International Review of Community Development/Revue internationale d’action communautaire, 29, 167-181.
Nélisse, C. & R. Zuñiga (dir.) (1997). L'intervention: les savoirs en action. Sherbrooke, Québec, Éd. GGC.