"À vos ordres, Madame la directrice!"
Source de l’histoire Il s’agit d’une situation que j’ai personnellement vécue lorsque je venais tout juste de faire mon entrée dans la cour des grands, au secondaire.
Protagoniste Dans cette histoire, je suis la personne qui vit le dilemme éthique en lien avec une intervention faite dans ma classe par la directrice de mon école. L’enseignante était également impliquée dans ce dilemme d’ordre éthique.
Voici ce qui s’est passé... En début d’année scolaire, les éducateurs ont toujours la lourde tâche de nous rappeler les règles qui s’insèrent dans les règles du code de vie de l’école. Cette année-là, pour une raison qui m’échappe encore, les enseignants ont eu beaucoup de difficulté à faire respecter les règles relatives au code vestimentaire en vigueur dans l’école. Soit les élèves ne les avaient pas lues, soit ils ne voulaient tout simplement pas s’y conformer. Or, ne voyant pas la lumière au bout du tunnel, ils ont décidé qu’il était temps que le message soit compris. Pour ce faire, ils ont convoqué la directrice de l’école pour qu’elle nous en parle de vive voix. Je peux vous confirmer une chose : son discours a fait son œuvre. Par contre, je doute que le moyen choisi pour le transmettre ait été adéquat, car aujourd’hui encore j’en garde un mauvais souvenir. Dans les faits, après que la directrice ait fait son entrée dans la classe, elle nous a cité de long en large les consignes inscrites à cette partie du code de vie concernant la tenue vestimentaire, en tâchant de garder un air réprobateur du début à la fin de son monologue (qui m’apparût durer une éternité, d’ailleurs!) C’est alors que, contre toute attente, elle s’est adressée à mon amie en disant : « chère jeune fille, je te prierais de te lever et de venir me rejoindre à l’avant ». D’un air horrifié, la jeune fille a suivi ses ordres. Ainsi, la directrice a justifié sa demande en disant : « si tu es ici, c’est pour donner l’exemple d’une personne qui n’a pas respecté le code vestimentaire que nous avons imposé. Ta robe est beaucoup trop courte, donc je vais te laisser le temps d’appeler tes parents pour qu’ils t’apportent d’autres vêtements plus appropriés ». Devant cette scène, nous étions tous abasourdis. J’avais envie de dénoncer la situation, mais comme elle concernait la directrice, non seulement je ne savais pas à qui m’adresser, mais j’avais peur des répercussions qui pourraient en résulter. L’enseignante qui était présente s’est abstenue de tout commentaire.
Si j’ai décidé de classer cette histoire sous le thème du pouvoir, c’est que je crois fermement qu’ici, la directrice a abusé de son pouvoir pour faire respecter une règle. Son intention était légitime, mais le moyen choisi pour faire passer le message est fort discutable. Selon moi, elle avait effectivement le droit d’intervenir dans les classes pour faire comprendre le code de vie aux étudiants. De plus, comme elle était la figure d’autorité de premier rang dans l’école, les élèves accordaient une importance accrue à ses directives. Dans le présent cas, le message a certainement porté ses fruits et je me rappelle que nous étions beaucoup plus prudents quant à notre style vestimentaire à l’école, mais nous nous sommes conformés aux règles par peur, par soumission, ce que je trouve déplorable. Respecter une règle de force, de peur de se voir humilié devant nos pairs, je trouve cela absurde. En réalité, son geste envoyait un double message. Pour faire comprendre une consigne qui traite de respect de soi et des autres par un habillement adéquat, la directrice a humilié une élève, ce qui représente un manque de respect flagrant. Nous nous sommes soumis à la règle par peur de défier l’autorité, mais jamais en adhérant à ce message très contradictoire.
Questions Est-ce que vous êtes en accord avec l’intervention de la directrice? Selon vous, est-ce que son intervention aurait pu être différente? Si oui, de quelle façon? Si vous aviez été à sa place, comment auriez-vous agi pour faire comprendre le message aux élèves? Si vous aviez été à ma place ou à celle de l’enseignante, est-ce que vous auriez dénoncé cette intervention?