Béhaviorisme

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Le paradigme béhavioriste est fondé sur le postulat selon lequel la psychologie scientifique ne peut avoir pour objet d'étude que le comportement "objectif", c'est-à-dire celui qui est observable de façon externe et "publique" (observables par tous, par opposition à "observable de façon privé" ou par le "regard interne" du sujet sur lui-même).

Le comportement y est défini comme "l'ensemble des réactions objectivement observables qu'un organisme généralement pourvu d'un système nerveux exécute en réponse aux stimulations du milieu, elles-mêmes objectivement observables" (Watson, 1913).

En accord avec cette conception du comportement, le béhaviorisme a exclu de son champ d'étude toutes les activités du sujet qui ne sont pas publiquement observables.

Pour assurer un statut scientifique à la psychologie, les béhavioristes ont proposé de s'appuyer sur les mêmes méthodes expérimentales que celles des sciences naturelles, permettant d'observer les comportements des sujets "de l'extérieur" et de les décrire "à la troisième personne". Par conséquent, ils ont rejeté toutes les recherches psychologiques antérieures qui ont utilisé les méthodes d'introspection (rapport du sujet sur son expérience vécue, donc des données "à la première personne" obtenues par l'introspection).

Ce faisant, les béhavioristes ont souhaité prémunir la psychologie scientifique contre toute tentation "métaphysique" de l'étude de l'âme, de l'esprit ou de la conscience.

Bala Venkat
Pourquoi l'esprit humain ne peut pas faire l'objet de la science ? Les fondations épistémologiques positivistes du béhaviorisme.

Le postulat méthodologique selon lequel seul le comportement observable peut faire l'objet de l'étude scientifique de l'individu (donc de la science psychologique) est fondé sur la conception philosophique d'Auguste Comte, le positivisme. Pour Comte, la méthode scientifique commune à toutes les sciences est la méthode "positive" qui consiste en un "usage combiné de l'observation et du raisonnement". Or, Comte a écrit en 1819 :

L'esprit de l'homme, considéré en lui-même, ne peut pas être un sujet d'observation, car chacun ne peut point, évidemment, l'observer dans autrui; et, d'un autre côté, il ne peut pas non plus l'observer dans lui-même. Et, en effet, on observe les phénomènes avec son esprit; mais avec quoi observerait-on l'esprit lui-même, ses opérations, sa marche ? On ne peut pas partager son esprit; c'est-à-dire son cerveau, en deux parties, dont l'une agit, tandis que l'autre la regarde faire, pour voir de quelle manière elle s'y prend; croire cela possible, c'est tomber dans la même erreur, c'est se faire la même illusion que lorsqu'on nous dit que nous voyons les objets parce que leurs images se peignent au fond de l'oeil. Mais avec quoi voyez-vous les images ? répondent les physiologistes. Il vous faudrait un autre oeil pour les regarder, si les impressions lumineuses agissaient comme images sur votre rétine. Il en est de même ici : vous voulez observer votre esprit, mais avec quoi le regardez-vous ? Il vous en faudrait un autre pour l'examiner. Il résulte de là que les prétendues observations faites sur l'esprit humain considéré en lui-même et a priori sont de pures illusions; et qu'ainsi tout ce qu'on appelle logique, métaphysique, idéologie, est une rêverie, quand ce n'est point une absurdité (Comte, 1870, p. 89).


Pour en savoir plus ... une sélection commentée des ressources sur le web

  • Le site EduTIC Mauricie présente de façon intéressante les recherches et l'impact sur les conceptions de l'enseignement et de l'apprentissage des trois figures marquantes du béhaviorisme (mais il oublie curieusement Skinner...):
  • Les travaux de Skinner sont présentés de façon accessible sur le site Carnets2psycho de Delfine Thomas, y compris les questions relatives à la punition :
  • Toujours les travaux de Skinner, mais de façon plus approfondie et critique:
  • Skinner et les machines à enseigner. Dans ses mémoires, Skinner (1983, pp. 64-65, cité par Smith, 2000, pp. 5-6) raconte qu’il a eu idée de la « machine à enseigner » pendant qu’il assistait avec d’autres parents à une leçon d’arithmétique, dans la classe de sa fille : « Les élèves devaient résoudre un problème dont l’énoncé était écrit au tableau. La maîtresse allait et venait entre les rangées de pupitres jetant un coup d’œil aux copies, signalant ici et là une erreur. Quelques élèves achevèrent rapidement l’exercice et attendirent impatiemment. D’autres peinaient avec une frustration croissante. Finalement, la maîtresse ramassa les copies pour les emporter chez elle, les noter et les rendre le lendemain […] Je me rendis soudain compte qu’il fallait faire quelque chose. Sans qu’on pût sans doute l’en blâmer personnellement, la maîtresse violait deux principes fondamentaux : ses élèves ne savaient pas immédiatement si leur travail était juste ou faux (une copie corrigée et rendue 24 heures après sa rédaction ne pouvait guère renforcer les connaissances) et ils avançaient tous au même rythme, quel que soit leur niveau ou leurs capacités […] Quelques jours plus tard, je fabriquai une machine à enseigner. »
* Bonaiuti, G. (2011). B. F. Skinner. Teaching machine and programmed learning [ vidéo en ligne ]. Récupéré du site de YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=jTH3ob1IRFo
Dans cet extrait vidéo, Skinner explique les avantages que représente selon lui une machine à enseigner : une rétroaction immédiate, la possibilité pour l’élève d’avancer à son propre rythme, le découpage du contenu en petites unités, etc.
* CParici (2011). BOOK : La révolution technologique [ vidéo en ligne ]. Récupéré du site de YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=Q_uaI28LGJk
En 1962, un court article signé R. J. Hawthorne a paru dans le magazine satirique américain Punch. Il décrivait un nouveau dispositif technologique quasiment magique, baptisé Built-in Orderly Organized Knowledge (Savoir intégré rationnellement organisé), couramment désigné par son acronyme B.O.O.K. (livre). Il ne visait pas spécialement Skinner, mais plutôt ceux pour qui les machines à enseigner sont la solution à tous les problèmes éducatifs et pédagogiques… (Smith, 2000, p. 9)
La vidéo disponible sur YouTube reprend les arguments de R. J. Hawthorne en les situant dans le contexte contemporain des technologies de l’information et de la communication.


Notes et références

Comte, A. (1870). Lettres d'Auguste Comte à M. Valat, 1815-1844. Paris, Dunod.

Smith, L. M. (2000). B. F. Skinner. UNESCO, Bureau international de l’éducation, Paris, France. Récupéré en juin 2012 du site du Bureau international de l’éducation, UNESCO : http://www.ibe.unesco.org/publications/ThinkersPdf/skinnerf.pdf.

Watson, J.B. (1913). Psychology as the behaviorist views it. Psychological Review, 20, 158-177. Récupéré du site Classics in the History of Psychology, développé par Christopher D. Green, York University, Toronto, Ontario.