Présentation animée
ÉBAUCHE |
Appellation en anglais
• Educationnal animation
• Instructionnal animation
• Multimedia learning
• Multimedia presentation
Stratégies apparentées
• Formation en ligne
• Tutoriel
Type de stratégie
Types de connaissances
La présentation animée améliore l’acquisition des connaissances de type conceptuelle et procédurale. Cette stratégie serait toutefois peu efficace lorsqu’il est question des connaissances de type factuel (Kombartzky et Ploetzner, 2007, p.1). Plus précisément, il a été démontré que la présentation animée est efficace pour la transmission d’un concept évoluant dans le temps et pour la démonstration de processus (Tversky, Morrison et Betrancourt, 2002, p.250).
Puisque la nécessité de représenter des concepts et des procédures est présente dans la plupart des disciplines, le champ d’application de cette stratégie est très large. Par exemple, la présentation animée peut être utilisée pour illustrer des tâches manuelles simples comme exécuter un nœud de cravate ou pour expliquer des notions complexes telles que le système de freinage et le phénomène des vagues d’un océan (Clark et Mayer, 2011 ,p.86). Elle peut aussi être utilisée pour représenter une réalité difficilement observable comme le processus complet de la germination d’une graine (Ibid).
Description
Une présentation animée est une représentation visuelle dynamique composée d’éléments dont les propriétés se modifient au fil du temps (de Koning, Tabbers, Rikers et Paas, 2009, p.114). Les animations comprises dans la présentation sont généralement accompagnées de médias de type texte et/ou sonore.
Problématique
L’utilisation de cette stratégie provient d’une problématique concernant les limites des médias statiques telles que le texte et le son. En effet, une description d’un concept ou d’une procédure complexe peut s’avérer insuffisante pour la compréhension de l’apprenant. Par exemple, Mayer (1997, p.1) a remarqué que les étudiants éprouvaient de la difficulté à formuler un raisonnement démontrant la compréhension du processus de formation des orages à la suite d’une lecture sur le sujet.
Origine
L’idée de combiner plusieurs types de médias afin d’être en mesure d’expliquer des connaissances difficilement explicables avec des médias statiques provient de cette problématique.
Dans le but de guider les concepteurs pédagogiques dans la création de leur présentation animée, une théorie cognitive de l’apprentissage multimédia a été élaborée. Cette dernière explique que l’apprenant effectue des apprentissages plus significatifs lorsque plusieurs canaux (visuel et auditif) sont sollicités. (Mayer, Moreno, 2002, p.91)
Les principes pédagogiques guidant la conception de présentation animée
La théorie cognitive de l’apprentissage multimédia (Mayer, 2008) fait mention de dix principes permettant d’utiliser efficacement les différents médias pour favoriser les apprentissages des apprenants.
Réduire les processus externes
Cohérence
Les individus apprennent mieux lorsque les médias utilisés se concentrent sur une connaissance précise en excluant les informations non essentielles et non pertinentes à son apprentissage.
Signalement
Les individus apprennent mieux lorsque son attention est dirigée sur le contenu essentiel au moyen d’éléments visuels ou sonores.
Redondance
Les individus apprennent mieux avec la combinaison animation/narration que celle combinant animation/narration/texte à l’écran.
Contigüité spatiale
Les individus apprennent mieux lorsque le texte correspondant à une image ou une animation se retrouve près de cette dernière.
Contigüité temporelle
Les individus apprennent mieux lorsque l’animation et la narration sont présentées au même moment.
Gérer les processus essentiels
Segmentation
Les individus apprennent mieux lorsque la présentation animée est divisée en plusieurs séquences de courte durée.
Pré-entraînement
Les individus apprennent mieux lorsque les concepts essentiels à la compréhension sont expliqués avant la leçon principale.
Modalité
Les individus apprennent mieux lorsqu’une narration est utilisée au lieu de l’écrit pour expliquer une animation, réduisant la charge cognitive du canal visuel.
Favoriser les processus génératifs
Multimédia
Les individus apprennent mieux lorsque l’on combine les médias plutôt que de présenter un seul média.
Personnalisation
Les apprenants apprennent mieux lorsque la narration de type conversationnel est utilisée (Utilisation du «je» et «vous»).
Conditions favorisant l’apprentissage
Présentation, organisation et intégration des connaissances
En utilisant les principes mentionnés précédemment comme guide, les présentations animées sont conçues afin de présenter et organiser les connaissances en vue d’en faciliter leur intégration dans la mémoire à long terme (Mayer, 2002, p.97).
Plus précisément, la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia (Ibid, p.91) soutient l’idée que les apprentissages significatifs se produisent chez l’apprenant lorsqu’il construit une représentation cohérente de la connaissance ciblée. En utilisation à la fois le canal verbal (son) et le canal visuel (animation), la mémoire de travail sélectionne les images et les sons pour ensuite les organiser en vue de les intégrer dans la mémoire à long terme (voir figure 1). Selon cette théorie, le fait d’avoir une représentation visuelle et sonore du même élément dans la mémoire de travail permet d’intégrer plus facilement la connaissance visée dans la mémoire à long terme. Les présentations animées composées de plusieurs types de médias (images et sons) sont donc plus susceptibles de favoriser des apprentissages significatifs. Toutefois, les recherches effectuées sur l’efficacité de cette stratégie n’arrivent pas aux mêmes conclusions. En effet, si certaines d’entre elles affirment que les présentations animées favorisent l’apprentissage, d’autres mentionnent que l’effet de cette stratégie est neutre, voire même négatif.
En effet, plusieurs recherches ne sont pas parvenues à démontrer clairement les avantages d’une présentation animée en comparant son utilisation avec celle de médias statiques (images, textes) (Ayres et Paas, 2007, p.695). De plus, certaines recherches ont aussi démontré que les schémas et diagrammes statiques pouvaient être plus performants que leurs équivalents animés) (Ibid). La principale raison qui a été évoquée pour expliquer cette performance est la surcharge cognitive créée dans la mémoire de travail par la présence d’une quantité importante d’informations (de Koning, Tabbers, Rikers et Paas, 2009, p.114).
Cependant, les chercheurs sont parvenus au consensus que l’efficacité des présentations animées varie selon la manière dont elles sont utilisées (Mayer et Moreno, 2002, p.88). À ce sujet, les recherches impliquant l’application de certains principes de la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia ont permis d’obtenir des résultats positifs lors de l’utilisation de présentations animées. Par exemple, il a été démontré que les principes de segmentation (Ayres et Paas, 2007, p.697), de signalement (de Koning, Tabbers, Rikers et Paas, 2009, p.113), de modalité (Dubois et Tajariol, p.207)(Park, Moreno, Seufert et Brünken, 2011, p.5), de redondance (Yue, Bjork et Bjork, 2013, p.266) et de cohérence (Moreno et Mayer, 2000, p.117)(Rey, 2011, p. 233) facilitent et/ou favorisent l’apprentissage.
Motivation des apprenants
Si la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia de Mayer s’intéresse davantage aux facteurs cognitifs pouvant favoriser l’apprentissage, Astleitner et Wiesner (2004, p.1) affirment que la motivation des apprenants doit être prise en compte dans ce modèle. Selon eux, la motivation influence de manière significative les ressources mentales que l’apprenant mettra en place pour favoriser son apprentissage.
D’après les recherches de Park et al. (2013 p.2), une meilleure compréhension des effets d’une présentation animée demande de connaître la réciprocité entre les facteurs motivationnels et cognitifs ainsi que de considérer le rôle motivateur des illustrations et des éléments décoratifs. À ce sujet, plusieurs recherches ont été faites afin de déterminer l’existence ou non d’un lien de causalité entre la motivation de l’apprenant et l’utilisation de différents médias. Par exemple, il a été démontré que de l’information sous une forme vidéo possède un plus grand effet sur la motivation que de l’information sous la forme audio par la présence d’images animées, les couleurs, etc (Tang et Isaacs, 1993). La recherche sur les présentations animées a aussi permis de démontrer que de l’information présentée sous une forme vidéo ou audio permet de réduire la peur de l’échec (Cennamo, 1993).
Niveau d’expertise des apprenants
L’utilisation des présentations animées s’adresse principalement à des apprenants novices. Les recherches à ce sujet démontrent que ces individus apprennent mieux en utilisant une combinaison de médias (Clark et Mayer, 2011, p.83). Quant aux experts, aucune différence n’a été notée selon l’utilisation d’un ou plusieurs médias (Ibid). Par exemple, l’apprenant expert peut créer ces propres images mentales à partir d’un texte, ce qui n’est pas le cas d’un apprenant possédant peu de connaissances sur le sujet, nécessitant un support visuel pour être en mesure d’imager le concept.
Type de guidage
Cette stratégie est guidée par les outils puisqu’elle combine les différents médias pour former un outil médiateur des apprentissages. Puisque les apprenants novices sont difficilement capables de se faire une représentation mentale d’un concept ou d’un processus, les combinaisons animation/texte ou animation/narration lui permettent de pallier cette problématique.
Type de regroupement des apprenants
Les présentations animées peuvent être utilisées dans une grande variété de contexte, allant du rôle de support à l’enseignant dans un grand groupe jusqu’à celui de contenu pédagogique pouvant être exploré individuellement.
Milieu d’intervention
Cette stratégie peut être utilisée dans la plupart des milieux éducatifs, qu’il s’agisse du milieu scolaire ou du milieu professionnel. En milieu scolaire, il serait possible par exemple d’utiliser cette stratégie pour expliquer la structure et le fonctionnement d’une cellule (Park, Moreno, Seufert et Brünken, 2011, p.6) par une représentation animée de cette dernière. Dans le cas d’une utilisation dans un contexte professionnel, il pourrait s’agir d’une leçon présentant des concepts en aéronautique par l’affichage d’animation démontrant le comportement d’un avion en situation de vol (Dubois et Tajariol,p.201).
Conseils pratiques
À partir des principes de la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia (Mayer, 2008), on peut retirer certains conseils pratiques pouvant guider le concepteur pédagogique dans la création de sa présentation animée (Vellut, 2012).
• Cohérence : supprimer les informations non essentielles à l’apprentissage afin que l’apprenant puisse se concentrer sur le contenu utile.
• Signalement : mettre en évidence les informations nécessaires à la compréhension d’un concept ou d’un processus (flèche, zone de surbrillance, changement de couleur).
• Redondance : éviter de transcrire textuellement la narration dans la présentation, utilisez des mots-clés.
• Contigüité spatiale : rapprocher les éléments visuels traitant du même élément (exemple : une image et sa description textuelle).
• Contigüité temporelle : synchroniser les éléments visuels en fonction de la narration de manière à ce qu’ils apparaissent au bon moment.
• Segmentation : diviser le contenu en plusieurs courts segments afin de faciliter la rétention et la compréhension.
• Pré-entrainement : introduire les concepts-clés en début de leçon afin que ceux-ci servent de fondements à l’acquisition de nouvelles connaissances.
• Modalité : favoriser la narration plutôt que le texte écrit afin d’éviter une surcharge cognitive du canal visuel.
• Multimédia : favoriser l’utilisation de plusieurs médias pour illustrer la même réalité (exemple : animation d’une cellule accompagnée d’une description audio).
• Personnalisation : utiliser le « Je » et le « Vous » dans la narration. Les apprenants retiennent mieux l’information lorsqu’ils sont interpellés.
Ressources informationnelles utilisées dans la fiche
Ici figurent toutes les ressources informationnelles qui ont été lues et utilisées par les contributeurs successifs pour rédiger la fiche. Ces ressources ont être puisées dans celles qui ont été pré-déterminées ci-dessous, dans la section : Ressources informationnelles disponibles. Toutefois, chaque contributeur peut choisir d'utiliser d'autres ressources, du moment qu'elles sont pertinentes pour la thématique traitées, crédibles et présentent un contenu de qualité. Les références utilisées doivent être placées dans la bonne section : soit dans la bibliographie (articles, livres, chapitres) soit dans la webographie (ressources électroniques diverses, cependant les articles des revues électroniques ou des chapitres publiées en ligne doivent être placées dans la bibliographie).
Bibliographie
Astleitner, H. & Wiesner, C. (2004). An Integrated Model of Multimedia Learning and Motivation. Journal of Educational Multimedia and Hypermedia, 13(1), 3-21. Norfolk, VA: Association for the Advancement of Computing in Education (AACE).
Ayres, P., & Paas, F. (2007). Making instructional animations more effective: A cognitive load approach. Applied Cognitive Psychology, 21(6), 695-700.
Cennamo, K.S. (1993). Learning from video. Factors influencing learners preconceptions and invested mental effort. Educational Technology, Research, and Development, 41, 33-45.
Clark,R., & Mayer R. A.E (2011). E-Learning and the Science of Instruction (3e éd). San Francisco, CA : Wiley.
De Koning, B. B., Tabbers, H. K., Rikers, R. M., & Paas, F. (2009). Towards a framework for attention cueing in instructional animations: Guidelines for research and design. Educational Psychology Review, 21(2), 113-140.
Dubois, M. et Tajariol, F. (2001). Présentation multimodale de l'information et apprentissage. Dans E. de Vries, J.-Ph. Pernin, J.-P. Peyrin (dir.), Actes du cinquième colloque Hypermédias et apprentissages, 9-11 avril, Grenoble, France. Récupéré de : http://edutice.archives-ouvertes.fr/docs/00/00/21/16/PDF/HyperAp5p197.pdf
Kombartzky, U. et Ploetzner, F. (2007). Beneficial Effects of Learning from Animations. Freiburg, Germany, Récupéré de : https://www.ph-freiburg.de/fileadmin/dateien/imb/papers/icce-07-kombartzky-poster.pdf
Mayer, R. E.(1997). Multimedia Learning :Are We Asking the Right Question?. Educational Psychologist, 32(1), 1-19.
Moreno, R., & Mayer, R. E. (2000). A coherence effect in multimedia learning: The case for minimizing irrelevant sounds in the design of multimedia instructional messages. Journal of Educational Psychology, 92(1), 117.
Moreno, R., & Mayer , R. E.(2002). Animation as an Aid to Multimedia Learning. Educational Psychologist Review, 14(1), 87-99.
Park, B., et al. (2013). Cognitive and affective processes in multimedia learning, Learning and Instruction, http://dx.doi.org/10.1016/j.learninstruc.2013.05.005
Park, B., Moreno, R., Seufert, T., & Brünken, R. (2011). Does cognitive load moderate the seductive details effect? A multimedia study. Computers in Human Behavior, 27(1), 5-10.
Rey, G. D. (2012). A review of research and a meta-analysis of the seductive detail effect. Educational Research Review, 7(3), 216-237.
Tang, J.C.. & Isaacs, E. (1993). Why do users like video? Studies of multimedia-supported collaboration. Comnputer-Supported Cooperative Work, An International Journal, 1, 163-196.
Tversky, B., Morrison, J. & Betrancourt, M.(2002). Animation: can it facilitate?. Int. J. Human-Computer Studies, 57, 247-262.
Vellut, David. «10 principes pédagogiques à prendre en compte pour concevoir des environnements d’apprentissage multimédia ». In Formavox. [En ligne]. http://www.formavox.com/principes-pedagogiques-environnements-apprentissage-multimedia (Page consultée le 23 décembre 2014)
Yue, C. L., Bjork, E. L., & Bjork, R. A. (2013). Reducing verbal redundancy in multimedia learning: An undesired desirable difficulty? Journal of Educational Psychology, 105(2), 266-277. doi:10.1037/a0031971
Webographie
Ressources informationnelles disponibles pour rédiger et améliorer la fiche
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Bibliographie
Paik, E. S., & Schraw, G. (2013). Learning with animation and illusions of understanding. Journal of Educational Psychology, 105(2), 278-289. doi:10.1037/a0030281
Rey, G. D. (2010). Multimedia learning: Are we still asking the wrong questions? Journal of Educational Multimedia and Hypermedia, 19(1), 103-120.
Rey, G. D. (2011). Seductive details in multimedia messages. Journal of Educational Multimedia and Hypermedia, 20(3), 283-314.
Webographie
- Exemple de carte interactive en français où l'apprenant doit interagir en cliquant sur la carte pour accéder au contenu.
- lemonde.fr (2014). Après la Crimée, d'autres territoires convoités par Poutine ?. Repéré à http://www.lemonde.fr/international/visuel/2014/04/01/apres-la-crimee-d-autres-territoires-convoites-par-poutine_4393152_3210.html
- Exemple de présentation animée en français sous le format d'une carte animée.
- lemonde.fr (2014). Ukraine : comprendre les origines de la crise en 5 minutes [Vidéo en ligne]. Repéré à http://www.dailymotion.com/video/x1dltfd_ukraine-comprendre-les-origines-de-la-crise-en-5-minutes_news
- Exemple de présentation animée sous le format de dessins.
- PhD Comics (2014). "Quantum Entanglement Animated". [Vidéo en ligne]. Repéré à http://phdcomics.com/comics/archive.php?comicid=1680
- Prezi: logiciel de présentation animée (site web disponible en plusieurs langues dont le français et l'anglais)
- Prezi. Repéré à http://prezi.com/
- Exemple de présentation animée sous le format de dessins, sensibilisant à la surconsommation d'eau en bouteille.
- storyofstuffproject (2010). "The Story of Bottled Water (2010)" [Vidéo en ligne]. Repéré à https://www.youtube.com/watch?v=Se12y9hSOM0
- Exemple de présentation animée sous le format de dessins, sensibilisant le spectateur au système éducatif actuel en Amérique du Nord.
- The RSA (2010). "RSA Animate - Changing Education Paradigms" [Vidéo en ligne]. Repéré à https://www.youtube.com/watch?v=zDZFcDGpL4U