Différences entre versions de « Mentorat en milieu éducatif »
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Version du 29 juillet 2015 à 14:51
ÉBAUCHE |
Appellation en anglais
Les termes mentorship et mentoring sont utilisés pour décrire la relation de développement qui existe entre un mentor et son protégé. Dans la littérature actuelle on privilégie le terme mentoring.
Stratégies apparentées
Un mentor peut parfois offrir du coaching, du tutorat, et d'autres mesures de soutien tel que la supervision en milieu du travail. C'est la raison pour laquelle le mentorat est souvent confus avec ces termes. On confond souvent le mentorat au coaching, au tutorat, à l'enseignement et à la relation de conseil.
Le mentorat se distingue du coaching, surtout dans la réciprocité des bénéfices et du degré d'intimité des relations. Selon la Fédération internationale de coachs du Québec (www.icfquebec.org),
« Le coaching est un partenariat qui met l'emphase sur l'action que [les coachés] ont l'intention de prendre pour réaliser leur vision, leurs buts et leurs désirs. Le coaching suscite des questionnements amenant les clients à la découverte d'eux-mêmes, ce qui hausse leur niveau de perception et de responsabilité. Ceux-ci bénéficient d'une structure d'accompagnement, de soutien et d'une précieuse source de rétroaction. Le processus de coaching aide les clients à définir et à atteindre leurs buts professionnels et personnels plus rapidement et plus facilement qu'il en serait possible sans l'intervention d'un coach. »
Quoique dans tous ces cas, on vise le développement scolaire ou de carrière de l'«aidé», ce qui distingue le mentorat du tutorat, de l'enseignement et du conseil, ce sont le degré d'intimité des relations, le niveau d'engagement de la personne d'expérience (le mentor) dans la vie de l'étudiant (Johnson, Rose et Schlosser, 2007) et la portée du champ d'influence du mentor qui exerce son influence dans le développement social, académique, professionnel et personnel de son protégé (Eby, Rhodes et Allen, 2007).
Dans son guide, How to Mentor Graduate Students: A Guide for Faculty (2014), la Reckham Graduate School distingue la supervision au mentorat d'étudiants de deuxième cycle universitaire par des membres de la facultés comme suit:
« The role of advisor usually is limited to guiding academic progress. The role of mentor is centered on a commitment to advancing the student's career through an interpersonal engagement that facilitates sharing guidance, experience and expertise. »
Type de stratégie
Le mentorat est une macrostratégie car celle-ci définit l'organisation de l'ensemble de la formation offerte au protégé.
Types de connaissances
Qualités (savoir-être) et habiletés (savoir-faire).
Le mentorat formel des jeunes a fait ses débuts avec la venue du mouvement Grands frères en 1905. À ce moment on ciblait les jeunes à risque de dérogation ou qui avaient des problèmes de comportement dans un but de prévention (Beiswinger, 1985, cité dans Keller, 2007). Depuis, un grand nombre de programmes ont été mis en place pour promouvoir le développement des compétences personnelles du jeune telles que le développement de liens intergénérationnels, de son sentiment d'engagement et d'appartenance communautaire, et de son sens d'altruisme en l'aidant à transformer son attitude, à adopter de meilleures valeurs et croyances. Les objectifs pratiques visés sont du type savoir-être :
« 1) preventing the emergence or continuation of psychosocial difficulties or problem behaviors; 2) promoting positive adjustment through the development of individual competencies; 3) fostering integration with the community through opportunities for evolvement (Keller, 2007). »
« Over the course of their time together, the mentor and protégé often develop a special bond of mutual commitment, respect, identification, and loyalty which facilitates the youth’s transition into adulthood (Rhodes, 2000, cité dans Éby, Rhodes, et Allen, 2007).»
Le mentorat s'appuie sur la théorie du constructivisme social de Vygotsky (Miller 2004, p. 49), qui préconise l'importance du contexte social et culturel dans l'apprentissage. Selon Vygotsky (1994, cité dans Miller, 2004), un concept important de la théorie du constructivisme social est la «'zone of proximal development' ,which suggests that young people with the support of more experienced peers or adults understand ideas that they would not be able to grasp alone. »
La relation interpersonnelle intense qui se développe crée un contexte social qui permet au mentor d'offrir des opportunités d'apprentissage authentiques et expérientielles, soutenue par une relation interpersonnelle intense (Kerka, 1998, dans Miller, 2004, p.50), qui permet une forme d'échafaudage cognitif qui «helps learners to make sense of the topic by relating it to personal experiences and to the context in which it will be applied » (Brown, Collins, Duguid, 1989, cité dans Miller, 2004, p. 50)
Pour ce qui est du mentorat en milieux académiques, on rencontre deux types de programmes avec des objectifs bien particuliers, soient les programmes de mentorat académique auprès de nouveaux étudiants et des programmes visant les étudiants de cycles supérieurs.
Le mentorat des étudiants aux niveaux collégial et de premier cycle universitaire vise l'adaptation de l'étudiant, en vue d'assurer son l'intégration scolaire et sa rétention (Garceau et al., 2008). Le mentorat académique de cycles supérieurs est axé sur le développement des compétences de l'étudiant vers une carrière de chercheur ou de praticien. Les étudiants de cycles supérieurs apprennent aussi leur rôle de membre de la faculté par le modelage de leur mentor (Jacovi, 1991; Johnson et al., 2007).
Dans tous ces cas de mentorat, on poursuit la transformation des qualités personnelles et des compétences du protégé.
Description
Il y a de grandes divergences entre les auteurs qu'en à la définition du mentorat. Plusieurs chercheurs s'entendent avec la définition plutôt générique du mentorat comme
« une relation fondée sur le respect mutuel, entre une personne expérimentée, reconnue et crédible (mentor) et une personne plus jeune (le protégé), qui permet au protégé de consolider son identité professionnelle et de bénéficier d'appuis pour développer sa carrière et mieux vivre les transitions en milieu de travail. (Guay, 2002, dans Bourgault, Maltais, Charih et Rouillard, 2004). »
Cyrenne et al. (2008) retiennent la définition suivante du mentorat :
« une relation d'accompagnement entre un mentor, personne possédant une certaine expérience et une personne novice, le protégé, dans laquelle un lien significatif se développe et permet de répondre aux besoins exprimés par le protégé (Eby, Allen, Evans, Ng, et Dubois, 2008). »
Le mentorat est une approche qui existe depuis longtemps dans le monde des affaires. Il offre à une personne novice l'occasion de développer leurs compétences avec l'aide d'une personne expérimentée dans le domaine.
Les recherches ne sont pas concluantes quant aux bénéfices du mentorat, particulièrement chez les jeunes. Herrera, DuBois et Grossman (2013) ont analysé les résultats de plusieurs grandes études sur le mentorat auprès de jeunes à risque et concluent :
« The strongest program benefit, and most consistent across risk groups, was a reduction in depressive symptoms—a particularly noteworthy finding given that almost one in four youth reported worrisome levels of these symptoms at baseline. Findings also suggested gains in social acceptance, academic attitudes and grades. Youth did not appear to benefit in their relationships with parents or in their positive or negative behaviors.»
Le mentorat de cycle supérieur est considéré comme une activité essentielle au succès du membre de la faculté car, comme on l'explique dans un guide destiné aux mentors d'étudiants de cycle supérieur de l'University of Michigan (2014), « it benefits both students and mentors as it advances the discipline, ensuring the quality and commitment of the next generation of scholars ».
En terme de structure le mentorat se veut formel lorsque l'intervention est structurée et que les mentors s'engagent à suivre les consignes et la structure établie par le programme. Le mentorat informel est un appairage volontaire sans soutien ou contexte d'intervention. (Garceau et al., 2008; Carruthers, 2003; Muschallick et Pull, 2015).
Miller (2004) rapporte que quoiqu'en général, les mentors sont des volontaires, dans certains contextes ils sont parfois rémunérés pour leur temps et expertise. En général, le mentorat met en relation un protégé à un mentor; par contre, avec la pénurie de mentors pour la demande, certaines autres formules ont été envisagées, telles que le mentorat de groupe (Herrera, Vang, et Gales, 2002, cité par Miller, 2004; Miller, 1998, cité dans Miller, 2004) et d'équipe, et le mentorat à distance (Hamilton et Scandura, 2003, cité dans Scandura et Pellegrini, 2007).
Conditions favorisant l’apprentissage
Larose (2013) a rassemblé dans un document intitulé Les pratiques éducationnelles exemplaires en matière d'accompagnement individualisé au secondaire : Une analyse commenté des recherches des vingt dernières années. Il relève trois grandes catégories d'intervention qui favorisent l'apprentissage : la structure du programme, les activités de mentorat, et l'approche du mentor.
À la base, les programmes de mentorat qui mènent à des résultats positifs requièrent le développement d'une relation de confiance entre le mentor et le protégé, tel qu'explicité par Jucovy (2000) dans : « Research on community-based programs has found that a close, supportive relationship is the first step toward achieving positive changes in the youth's life as a result of having a mentor .»
Développement d'une relation de confiance
La qualité de la relation interpersonnelle est la pierre angulaire du mentorat, et ce, peu importe s'il s'agit du mentorat auprès des jeunes, du mentorat académique de nouveaux étudiants ou d'étudiants de cycle supérieur, ou du mentorat professionnel (Grossman et Johnson, 1999, cité par Herrera et al., 2002; Morrow et Styles, 1995; Jacobi, 1991). Le développement d'une relation de confiance avec son protégé devrait être le premier objectif du mentor (Morrow et Styles, 1995; Larose et al., 2011; Larose, 2013; Dubois et Neville, 2001). Développer une solide relation de confiance demande un investissement de temps et une constance de la part du mentor (DuBois et Neville, 2001; Morrow et Styles, 1995).
Selon Grossman et Rhodes (2002) et DuBois, Holloway, Valentine et Cooper (2002), le mentorat d’une durée de moins de trois mois entraine une perte d’estime de soi chez les jeunes à risque et ce, même si un mentor remplaçant est mis à sa disposition. Les relations d'une durée de plus d'un an aurait le plus grand impact sur le protégé (Jucovy, 2000; DuBois et Neville, 2001).
La longévité et la constance des rencontres sont importantes au développement de la relation de confiance qui est à la base du mentorat (Morrow et Styles, 1995; Dubois et Neville, 2001) ce qui a des implications au niveau de l'organisation du programme, dans le processus de recrutement, la formation et le soutien des mentors.
L’organisation du programme de mentorat
Selon DuBois et al. (2002), les programmes scolaires avaient moins d’impact que les programmes de mentorat qui avaient lieu dans le milieu du travail ou dans la communauté. La plus courte durée des relations de mentorat en milieu scolaire pourrait expliquer ce phénomène puisqu'en général le mentorat ne dure que neuf mois ou moins :
« In order to yield desired outcomes, it may be necessary for programs to establish mentoring relationships between youth and adults that involve patterns of regular contact over a significant period of time (DuBois et Neville, 1997; Freedman, 1992, cité dans DuBois et al., 2002; Slicker et Palmer, 1993, cité dans DuBois et al., 2002; Grossman et Rhodes, 2002). »
A « strong linkage with beneficial outcomes is evident for the intensity and quality of relationships established between mentors and youth in programs.... Multiple features of relationships, such as frequency of contact, emotional closeness, and longevity, each may make important and distinctive contributions to positive youth outcomes (DuBois et al., 2002). »
De plus, l’établissement d’un manuel de procédures et politiques (Miller, 2007), les programmes qui visent une clientèle spécifique et qui établissent des objectifs spécifiques (Davidson, 1987, cité dans Miller, 2007), ainsi que la supervision des programmes de mentorat (Jucovy 2001a; DuBois et al., 2002) mènent à des programmes plus solides dont les résultats sont plus élevés.
Recrutement des mentors
Dans les programmes de mentorat pour jeunes à risque le recrutement de mentors avec de l’expérience en relation d’aide, comparé à d’autres mentors adultes, a un impact significatif sur la longévité de la relation (Dubois et al., 2002),. Il est important aussi de s’assurer que le mentor ait suffisamment de temps à consacrer à la relation de mentor et est ouvert à une relation à long terme (Jucovi, 2000; Dubois et al., 2002). L’orientation du mentor quant à ses intentions envers le protégé, particulièrement chez les jeunes, aura un impact important sur le changement observé chez le jeune (Morrow et Styles, 1995). Puisqu’on reconnait un lien très important entre le longévité et l’intensité de la relation entre le mentor et le jeune (Dubois et al., 2002; Rhodes, 2002), on recrutera idéalement des mentors qui sont prêt à faire un engagement à long terme. Lorsqu'il s'agit de mentorat scolaire, Karcher et Herrera (2007) recommandent même d’organiser des activités structurées qui permettraient aux mentors et leur protégé de se rencontrer en été et ainsi créer un pont pour l’année scolaire suivante.
L’attitude du mentor envers son rôle comme agent de changement chez le jeune aurait un impact sur les résultats du mentorat. Ainsi, le mentor qui cherche à créer une expérience plaisante pour le jeune, qui lui demande son avis et lui permet de choisir les activités qu’ils aimeraient faire, est associé à une plus grande longévité et intensité de la relation (Karcher et Herrera, 2007; Styles et Morrow, 1995) alors que les mentors qui développent un style plutôt « prescriptif » envers le jeune - ex. ceux qui désirent transformer les valeurs et les habitudes du jeunes en leur faisant la morale, rapportaient plus de problèmes dan le développement de la relation et étaient moins satisfaits de la relation (Styles et Morrow, 1995). Comme l'expriment si bien Styles et Morrow (1995) : «To be a good mentor, one need not be a good teacher or moralist, one need "only" become a close friend to the youth. »
Styles et Morrow (1995) suggèrent donc d'explorer les intentions et attentes des mentors prospectifs. S'ils s'attendent à transformer leur jeune rapidement, il importe de leur offrir plus de formation et de soutien ou de les diriger vers des programmes offrant du tutorat qui serait plus approprié.
Dans le mentorat par des membres de la faculté, on cherche des mentors qui sont intéressés à développer le bien-être et la carrière d'une autre personne, qui ont des compétences à établir des relations interpersonnelles avec leur protégé et qui veulent aider le protégé à atteindre ses objectifs académiques et professionnels et qui sont prêts à adapter leur approche et le contenu du mentorat aux besoins du protégé, voire même de faire des ajustements pour prendre compte des différences culturelles, ethniques et autres (University of Michigan, 2014).
Dans le mentorat de cycles supérieurs on cherchera des mentors qui ont fait preuve d'intégrité, qui ont un désir d'aider leur protégés en leur assignant des tâches et activités qui lui permettront de progresser dans leur carrière et qui sont aptes à développer une relation personnelle avec leur protégé (Rose, 2003, 2005, cité dans Johnson et al., 2007).
Formation et encadrement des mentors
Pour éviter que les ruptures précoces de la relation de mentorat, il est important d'offrir de la formation avant le début du mentorat pour les mentors afin de les préparer les mentors aux difficultés possibles qu'ils pourraient rencontrer et les aider à développer de meilleures compétences pour y répondre. De plus, offrir de la supervision et de la formation d'appoint peut réduire les difficultés et répondre aux besoins des mentors.
Des « recherches dans le domaine du mentorat ont montré que la participation des mentors à des formations initiales (préaccompagnement) a des effets positifs sur la qualité et la durée de la relation et sur les sentiments d'efficacité des mentors (DuBois et al., 2002; Larose et al., 2011, cité dans Larose, 2013). »
« Mentor-perceived self-efficacy at the beginning of the match was associated with greater mentor-youth contact, greater involvement in program-relevant activities, and fewer mentor-reported obstacles to relationship development (Perra et al, 2002, cité dans Keller, 2007).»
Pour développer le sentiment d'efficacité du mentor il est fortement recommandé par plusieurs auteurs d'offrir de la formation solide avant et durant le déroulement de la formation, ainsi que du soutien au cas où il rencontrerait des difficultés (Jucovy, 2000, 2001a; Rhodes, 2002; Miller, 2007).
Le contenu des rencontres
Les activités de mentorat préconisées sont celles qui permettront à la relation de se bâtir, telles qu'offrir des activités structurées qui permettent la participation conjointes des mentors et leur protégé (Darling, 2005, cité dans Larose, 2013; Dubois et al., 2002; Rhodes, 2002). Aussi, les dyades où le mentor et son protégé choisissent ensemble les activités qu'ils entreprendront et qui sélectionnent des activités plaisantes seraient associés à une plus grande régularité, longévité et satisfaction des relations (Larose, 2013; Dubois et Neville, 2001).
«Par ailleurs, la pratique de la résolution de problème en mentorat serait associée négativement à la satisfaction des rapports perçue par le mentor (Karcher, Brown et Elliott, 2004, cité dans Larose, 2013) ainsi qu'aux effets du mentorat sur la motivation de l'élève, notamment lorsque la résolution porte sur les travaux scolaires de l'élève (Larose, Cyrenne et al.., 2010).»
Niveau d’expertise des apprenants
Le mentorat implique toujours le jumelage d'un protégé novice avec une personne expérimentée dans le domaine visé.
Voici des exemples: Dans le mentorat de jeunes, le jumelage a lieu entre l'enfant à risque de délinquance ou qui présente des troubles de comportement avec un pair plus âgé, un professeur ou un autre adulte qui est un bon modèle à suivre (Jucovy, 2000, 2001a).
Dans le mentorat académiques, un nouvel étudiant qui fait une transition vers l’éducation au secondaire, au milieu collégial ou universitaire est jumelé à un étudiant de deuxième ou troisième année (Larose, et collab., 2011). Lorsqu’il s’agit du mentorat d’étudiants de cycle supérieur, ceux-ci reçoivent le soutien d'un chercheur chevronné ou d’un membre de la faculté (Johnson, 2007; Johnson et al., 2007) .
Type de guidage
Deux types de guidage sont utilisés en mentorat:
Le guidage par les enseignants/experts dans la majorité des cas de mentorat de jeunes en milieu scolaire et dans le cas de mentorat académique des étudiants de deuxième cycle. Dans le mentorat des jeunes, les experts ne sont pas nécessairement des enseignants de profession, mais plutôt des adultes avec une certaine expérience de la vie qui est transmise au jeune.
Le guidage par les pairs qui est de plus en plus courant dans le mentorat des jeunes en milieu scolaire, en raison de la pénurie de mentors adultes et du grand nombre de protégés potentiels. Le guidage par les pairs est aussi très courant dans les universités et s'adresse surtout auprès de nouveaux étudiants dans le but de faciliter l'intégration scolaire.
Type de regroupement des apprenants
En général on favorise une relation personnelle individualisé entre le mentor et le protégé; par contre, les écarts entre le nombre de protégés à la recherche d'un mentor et le nombre de mentors recrutés, particulièrement auprès des jeunes, font en sorte que les organisateurs de programmes doivent faire preuve de flexibilité pour combler la demande. C'est pour cette raison que quelques projets de mentorat de groupe (Herrera, Vang, et Gales, 2002), le cybermentorat (Sipe, 2005, cité dans Larose, 2013; Scancura et Pellegrini, 2007) et le mentorat à distance (ou telementotat) (Miller, 2004, ch. 8) ont vu le jour. Quoique la relation mentor-protégé dans les programmes de mentorat de groupe puisse être moins intime, ce type d'appairage a comme avantage additionnel, le développement social de l'enfant (Herrera et al., 2002).
Selon une recherche de Kasprisin, Boyle Single, Single et Muller (2003), le cybermentorat pourrait être un bon atout à la formation à distance.
Milieu d’intervention
Aujourd'hui on retrouve le mentorat offert auprès des jeunes dans la communauté et dans les écoles, auprès de nouveaux étudiants au niveau collégial et universitaire, auprès d'étudiants universitaire de deuxième cycle et on offre le mentorat professionnel à des fins de développement de la relève auprès d'employés, de nouveaux gestionnaires et le mentorat entrepreneurial.
Mentorat communautaire:
Grands frères grandes sœurs, est un des organismes les mieux connus qui offrent ce service est Grands frères grandes sœurs qui jumèle des enfants de famille monoparentales à des adultes pour créer une relation de confiance qui comble les besoins de l'enfant. Certains organismes s'acharnent à offrir du mentorat pour les enfants à risques. Les objectifs de ces derniers peuvent inclure la prévention du décrochage scolaire et des problèmes de comportements, l'amélioration des relations avec l'entourage de l'enfant. Les programmes communautaires visent principalement des relations mentors-protégés à long terme avec des contacts fréquents et réguliers puisque les recherches indiquent que les relations de mentorat de longue haleine ont les plus grands impacts (Morrow et Styles, 1995; DuBois et Neville, 2001;) . Certaines relations durent plus de trois ans. Ce type de relation demande de longs engagements du mentor, ce qui rend le recrutement de mentor d'autant plus complexe. De plus, puisque dans les programmes communautaires, le mentor et le jeune se rencontrent souvent à l'extérieur , les organisateurs de ces programmes doivent faire beaucoup d'efforts pour faire des enquêtes sur les mentors potentiels (Jucovy, 2000). C'est en raison de ces contraintes que plusieurs programmes de mentorat se sont développés en milieu scolaire.
Mentorat scolaire:
Le mentorat scolaire a lieu sur le terrain de l'école et donc les interactions entre mentor et protégé sont supervisées, ce qui facilitent la protection des jeunes. de raisons principales pour ce changement de milieu est le coût d'implantation qui est coupé de moitié lorsqu'il est offert à l'école. « Le mentorat scolaire est défini comme une relation d'accompagnement individualisé entre un élève et un volontaire dont la finalité est de satisfaire les besoins développementaux de l'élève. Le volontaire peut être un enseignant, mais il peut aussi être un pair plus âgé ou un bénévole de l'école ou de la communauté » (Rhodes, 2009, cité dans Larose, 2013; Karcher, 2008, cité dans Larose, 2013). Tout comme le mentorat communautaire, cette forme de mentorat est généralement offert à des enfants à risques (instabilité familiale, problèmes d'apprentissage ou de comportement, ou difficulté d'intégration sociale) mais a normalement lieu à l'école et ne dure, en général, qu'une année scolaire. Les objectifs visés sont souvent l'amélioration des résultats scolaires, la persévérance et l'amélioration des relations avec l'entourage. « Lorsque le mentorat est pratiqué par un enseignant (plutôt que par un adulte de la communauté ou un pair plus vieux), les effets sur l'adaptation scolaire sont plus importants surtout si la relation s'est développée naturellement (Erickson, McDonald, et Elder, 2009, cité dans Larose, 2013) ».
Mentorat dans le milieu académique:
Le mentorat académique qui a lieu dans les milieux collégiaux et universitaires devient de plus en plus populaire. Visitez les sites des différentes universités américaines et canadiennes et vous y retrouverez dans la plupart, des programmes de mentorat par les pairs visant les nouveaux étudiants et facilités par les étudiants séniors (de deuxième et troisième année). Ce type de programme de mentorat a pour objectif d'améliorer l'intégration du nouvel étudiant dans un milieu collégial ou universitaire, qui, selon Tinto (1975, cité par Bourdage et Delmotte, 2001), est un élément important à la persévérance aux études. Un projet de mentorat formel par les pairs, implanté dans deux collèges de la région du Québec, et offert à de nouveaux étudiants en sciences dans le cadre d'une étude québécoise (MIRES - Mentorat pour l'intégration et la réussite des étudiants en sciences) est un exemple de pratiques exemplaires de mentorat (Larose et al., 2011).
Une autre forme de mentorat académique qui s'opère dans certains programmes de deuxième cycle, particulièrement dans les programmes de psychologie, est le jumelage d'un membre de la faculté avec un étudiant de 2ème cycle (Johnson, 2007). Selon un projet de recherche par Cronan-Hillix, Gensheimer, Cronon-Hillix, and Davidson (1986, cité dans Johnson, 2007 p 191), où l'on sondait 90 étudiants de deuxième cycle inscrit à un programme de psychologie à l'université Midwestern, tous les étudiants en psychologie expérimentale et en psychologie sociale avaient un mentor, alors que moins de la moitié des étudiants en psychologie clinique rapportaient être engagés dans une relation de mentorat.
Dans les programmes de recherches de certaines facultés, le mentorat de chercheurs novices par un membre de la faculté constitue un rite de passage pour transmettre les connaissances dont le jeune chercheur aura besoin pour naviguer la vie de faculté et de chercheur. Le mentor guide l'étudiant, lui donne des consignes pour mieux se conformer aux normes de la recherche ou de la vie comme membre de la faculté et lui offre accès à sa crédibilité et son réseautage et joue le rôle de modèle sur comment se comporter dans ce milieu (Johnson, 2007; Muschallick et Pull, 2015). Ce type de mentorat aurait un impact positif sur la carrière académique des protégés, menant à des postes plus prestigieux, grâce au réseautage et à la promotion active que le mentor fait à l'égard de son protégé (Johnson, 2007). Dans une étude récente, Muschallick et Pull (2015) ont trouvé des preuves solides que le mentorat formel de chercheurs par les membres de la faculté menait à une plus forte productivité, c'est-à-dire qu'ils avaient plus d'articles publiés, de présentations publiques, etc.
«As a collaborator, the mentor arguably provides the mentee with both human and social capital which might both positively affect a mentee's publication productivity. Collaborations need not be formal ones with joint projects being worked on and resulting co-authorships, but they also encompass more informal collaborations that might indirectly affect a mentee's publication productivity via the provision of human and social capital (Muschallick et Pull, 2015).»
Mentorat professionnel et mentorat entrepreneurial
Ces deux types de mentorat sont traités dans la fiche intitulée Mentorat professionnel dans ce Wiki : http://wiki.teluq.ca/wikitedia/index.php/Mentorat_professionnel
Conseils pratiques
Un excellent guide sur les pratiques éducationnelle exemplaires en matière de mentorat a été créé par Simon Larose (2013). Mentor.org ont aussi créé un guide des bonnes pratiques en matière de mentorat chez les jeunes, intitulé Elements of Effective Practice for Mentoring, 3rd Edition. Ceux-ci et d'autres sources sont tirés les conseils suivants :
- Avoir une structure de mentorat bien établie avec l'établissement d'un nombre ou d'une fréquence de rencontres. Idéalement, on visera des programmes de plus longues durée (Larose, 2013; Morrow et Styles, 1995; Dubois et Neville, 2001)
- Avoir un manuel des politiques et procédures qui énumère les objectifs, le protégé visé et les mentors visés (Larose, 2013; Miller, 2007; Jucovy, 2000).
- Avoir un plan pour obtenir les ressources financières nécessaires pour assurer la continuité du programme (Miller, 2007; Jucovy, 2001a).
- Offrir une formation initiale, ainsi qu'une formation et un soutien continu tout au long du programme (Miller, 2007; Dubois et al., 2002).
- Idéalement on permettra au protégé de choisir son mentor, mais si ce n'est pas possible, jumeler les dyades basés sur leurs intérêts (Mentor, 2009).
- Offrir des activités structurées qui permettent aux dyades de partager des moments plaisants (Karcher, Brown et Elliott, 2004, cité dans Larose, 2013; Dubois et Neville, 2001)
- Viser en premier lieu le développement de la relation de confiance entre le protégé et son mentor (Morrow et Styles, 1995).
- Les mentors ayant un statut socioéconomique plus élevés (Grossman et Rhodes, 2002) ou qui ont une expérience dans le domaine des relations d'aide (DuBois et al., 2002) ont tendance à avoir des relations de mentorat de plus longues durée.
- Chez les jeunes, bien gérer la fin du programme en préparant les mentors et leurs protégés en les encourageant à discuter des bons moments (Jucovy, 2001b) et tenir une « soirée des finissants » (Mentor, 2009).
Ressources informationnelles utilisées dans la fiche
Ici figurent toutes les ressources informationnelles qui ont été lues et utilisées par les contributeurs successifs pour rédiger la fiche. Ces ressources ont être puisées dans celles qui ont été prédéterminées ci-dessous, dans la section : Ressources informationnelles disponibles. Toutefois, chaque contributeur peut choisir d'utiliser d'autres ressources, du moment qu'elles sont pertinentes pour la thématique traitée, crédibles et présentant un contenu de qualité.
Les références utilisées doivent être placées dans la bonne section : soit dans la bibliographie (articles, livres, chapitres) soit dans la webographie (ressources électroniques diverses, cependant les articles des revues électroniques ou des chapitres publiés en ligne doivent être placés dans la bibliographie).
Bibliographie
Bourdages, L. et Delmotte, C (2001). La persistance aux études universitaires à distance. Journal of Distance Education/Revue de l'éducation à distance, 16(2), 23-26.
Bougault, J., Maltais, D., Charih, M., et Rouillard, L. (2004). Le développement des compétences de gestion: une approche intégrée d'apprentissage continu. Téléscope. Observatoire de l'administration publique. 11(1), Janvier 2004
Cantin, André, Gatien, Louis. (2000). Expérience de mentorat au collégial. Actes du 20è colloque de l'AQPC. Récupéré le 18 avril 2015 du http://www.cdc.qc.ca/actes_aqpc/2000/8C53-Cantin-Gatien.pdf.
Carruthers, John. (2003). The Principles and Practice of Mentoring in Caldwell, B.J., Early, M.A.'s The Return Of The Mentor : Strategies For Workplace Learning. Routledge. Récupéré le 12 avril 2015, du site http://www.myilibrary.com?ID=6927
DuBois, D.L. & Neville, H.A. (2001) Youth Mentoring: Investigation of Relationship Characteristics and Perceived Benefits. Journal of Community Psychology, 25(3). 227-234
DuBois, D., Holloway, B.E., Valentine, J.C., et Cooper, H. (2002). Effectiveness of Mentoring Programs for Youth : A Meta-Analytic Review. American Journal of Community Psychology, 30(2), April 2002.
Eby, L.T., Rhodes, J.E., Allen, T.D. (2007). Definition and Evolution of Mentoring. Dans Allen, T.D. et Eby, L.T. (dir.) The Blackwell Handbook of Mentoring, a Multiple Perspectives Approach, Blackwell Publishing, Malden, MA USA pp 10-12
Garceau, O., Larose, S., Cyrenne, D., Guay, F. et Deschênes, C. (2008). Avoir les étudiants(es) de Sciences de la nature dans notre MIRES - 2è partie: Évaluation des impacts à court terme. Université Laval. Pédagogie collégiale, 21(4) pp 34-39 Récupéré le 1e avril 2015 du lien http://www.cdc.qc.ca/ped_coll/Larose_21_4.pdf
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Webographie
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Public/Private Ventures (P/PV). Vous y trouverez une très grande collection d'articles et de rapport sur le mentorat : http://ppv.issuelab.org/home/
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Bibliographie
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