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Une enseignante « trop » motivée

Catégorie du problème éthique : Autonomie

Titre : Une enseignante « trop » motivée

Source de l'histoire: Cette histoire est fictive, mais inspirée de l'expérience d'une amie.

Protagonistes:

Sophie (nom fictif) est l'enseignante « trop » motivée. Madame la directrice est l'autre personne impliquée. Il y a aussi les élèves et le personnel de l'école qui jouent un rôle secondaire.

Voici ce qui s'est passé…

Sophie est reconnue dans son milieu comme une jeune enseignante motivée et innovatrice. Nous sommes en septembre d'une nouvelle année scolaire dans une école primaire publique. Cette année, Sophie a décidé de modifier le mode de fonctionnement de sa classe afin que celle-ci devienne alternative. Elle revient d'un voyage en France et a visité une école du troisième type (1), inspirée de la pédagogie Freinet. Voici les principales modifications apportées dans sa classe : des centres éducatifs (coin lecture, science, Légo...) sont installés en permanence dans le local, les jeunes travaillent principalement en projet, elle fait de l'enseignement différé, l'autonomie du jeune prône et, chaque matin, les jeunes doivent choisir leur horaire, car un des invariants de Freinet est « Les individus sont plus motivés lorsqu'ils font leurs propres choix, même si ce choix ne les avantage pas. »(2)

Sophie est très satisfaite du nouveau fonctionnement de sa classe et trouve que ses jeunes fonctionnent bien et s'épanouissent dans cette pédagogie. Or, le personnel de l'école commence à jaser. « Ces élèves passent leur journée à jouer. » « Ils ne seront jamais capables d'être dans une classe normale l'an prochain. » « Ils n'apprennent pas la base de l'école: rester assis et écouter. » …

La directrice convoque Sophie et lui explique que sa classe dérange et qu'on est dans une école publique, qu'elle doit faire comme tout le monde. Sophie soulève des études à l'appui et explique que la Finlande a les meilleurs résultats scolaires au monde, et justement, ces classes placent l'enfant au jeune de ses apprentissages et laissent l'enfant parler 60% du temps (3). La directrice lui suggère d'aller enseigner en Europe si elle veut faire autrement, qu'ici ce n'est pas comme cela que ça marche. Sophie argumente qu'elle prône l'autonomie des jeunes et que ceux-ci se sentent moins en compétition dans une classe plus démocratique. La directrice lui donne une semaine pour remettre sa classe « en ordre » et recommencer à « enseigner normalement ».

Sophie est toute à l'envers. Depuis des années qu'elle constate que l'enseignement « typique » est difficile avec autant de jeunes dans ses classes, ayant de grandes disparités entre les « bons » élèves et ceux en difficulté. Elle avait enfin trouvé quelque chose qui fonctionnait et répondait à ses valeurs du bien-être et de l'épanouissement pour tous ses élèves et voilà qu'on lui coupe l'herbe sous les pieds.

Ce soir-là, Sophie pleure et écrit sa lettre de démission.

Question :

Selon vous, quelles sont les valeurs qui priment pour la directrice? Croyez-vous que Sophie a eu tort d'installer une classe aussi alternative dans une école publique « normale »? À la place de Sophie, quelles auraient été vos stratégies pour mettre en place vos valeurs alternatives dans un tel milieu? Pensez-vous que les valeurs de notre milieu de travail doivent primer nos valeurs personnelles? Expliquez. Si vous aviez été la directrice, comment auriez-vous freiné le bavardage du personnel tout en respectant les valeurs de chacun?


(1) COLLOT Bernard. 2003. Une école du troisième type , éditions Harmattan, 233 pages. (2) Institut Coopératif de l'École Moderne – pédagogie Freinet, France, http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/2952 consulté le 20 décembre 2016 (3) “Less is more”: The Finland Phenemon : Inside the World of the Most Surprising School System, with WAGNER Tony, by Sean Faust, documentaire, 2011, USA, https://www.youtube.com/watch?v=VhH78NnRpp0 , consulté le 11 décembre 2016