Taxonomie de Bloom
Appellation en anglais
Bloom’s taxonomy - The taxonomy of educational objectives
Résumé introductif
La taxonomie de Bloom (1956) est un modèle de conception pédagogique qui consiste à regrouper des objectifs d’apprentissage, du plus simple au plus complexe, en 6 catégories ou types d'activités du domaine cognitif: la connaissance, la compréhension, l'application, l'analyse, la synthèse et l’évaluation. Les objectifs y sont cloisonnés selon les domaines cognitif, psychomoteur et psychoaffectif. En voulant s’intéresser aux compétences observables, Bloom et ses collaborateurs ont déterminé des verbes d’action associés à chacun des niveaux cognitifs (inférieur ou supérieur) permettant ainsi de formuler des objectifs d’apprentissage. Ainsi, ce modèle permet d'identifier la nature des activités sollicitées par un objectif de formation et son degré de complexité.
Stratégies apparentées
Taxonomie de Bloom révisée par Lorin W. Anderson et David R. Krathwohl en 2001. Selon Legendre (1988, p.1321), d'autres taxonomies du domaine cognitif ont été élaborées par Piaget (1936), Guilford (1958), Gagné (1965), Gerlach et Sullivan (1967), De Block (1975), D'Hainaut (1985), Palkiewicz (1986).
Type de stratégie
Cette stratégie est du type modèle, car elle vise en premier lieu le découpage et l’ordonnancement du contenu d’enseignement sous forme de progression pédagogique.
Plus précisément, la taxonomie de Bloom est un modèle plutôt centré sur l'apprentissage. C'est même peut-être le modèle le plus populaire de ce type. C’est l’emphase qui est mise par Bloom sur le niveau des habiletés cognitives que l'on souhaite voir se développer chez les apprenants qui montre que le centre d'attention de ce modèle se situe sur l'apprentissage.
Types de connaissances
Selon l’objectif d’apprentissage qui est formulé à l’aide de la taxonomie de Bloom et de la microstratégie utilisée pour l’atteindre, des connaissances de types conceptuelles, factuelles, métacognitives et procédurales peuvent être visées.
Il faut souligner que la Taxonomie de Bloom révisée par Anderson et Krathwolh (2001) suggère une autre version de la Taxonomie de Bloom (1956) quant à l'approche progressive des processus d'apprentissage. La version d'Anderson et Krathwolh (2001) est particulièrement plus adaptée au domaine des apprentissages "pratiques" qui requièrent autant d'habiletés cognitives, psychomotrices, que d'habiletés psychoaffectives. Le cloisonnement des objectifs selon les domaines (cognitif, psychomoteur, psychoaffectif) tel que le voyait Benjamin Bloom permet moins de considérer que la mise en pratique d'une théorie apprise demande de tenir compte d'un ensemble de conditions d'apprentissage visant le transfert des apprentissages (Anderson, 2004, p.39).
En outre, la rigidité de la taxonomie de Bloom (1956) Connaissance → Évaluation fait défaut sur le processus cognitif de l'apprentissage (approche cognitive). Si l'on suit les niveaux de la Taxonomie de Bloom (1956), on s'aperçoit que la mise en pratique de la théorie apprise se situe au niveau "Application" (niveau cognitif inférieur) alors que dans la Taxonomie de Bloom révisée par Anderson et Krathwolh (2001), cette activité se situe au niveau "Créer" (niveau cognitif supérieur). Pour Anderson et Krathwolh (2001), le niveau "Appliquer" consiste en une activité plus "abstraite" en lien avec la connaissance visée (factuelle, conceptuelle, procédurale, métacognitive).
Description
La taxonomie de Bloom a été élaborée en 1956 par un groupe de 34 psychologues américains dirigé par Benjamin S. Bloom. (Benjamin Bloom, Wikipédia). Il s’agit d’une époque marquée par l’approche par objectifs, où une volonté d’introduire davantage de rigueur dans les dispositifs de formation en utilisant la notion d’objectifs pédagogiques était présente (Nguyen et Blais, 2007, p.234).
Selon Nguyen et Blais (2007, p.234), la finalité première de cette taxonomie est de catégoriser les niveaux d’activité intellectuelle sollicités par un objectif pédagogique. Ces auteurs rappellent que l’objectif pédagogique est une déclaration claire de ce que l’action éducative doit amener comme changement chez l’apprenant. Cette taxonomie permet donc une classification des opérations intellectuelles mobilisées au cours d’un apprentissage, et ce à l’aide de verbes d’action précis. Afin de bien comprendre tout ce que la taxonomie englobe, il faut d’abord savoir que Bloom affirmait que toutes les tâches affectent l’un des trois domaines suivants (Benjamin Bloom, Wikipédia) :
1. le domaine psychomoteur qui se rapporte à la manipulation ou aux habiletés physiques;
2. le domaine affectif qui concerne les attitudes et les émotions générées par l’apprentissage;
3. le domaine cognitif qui se rapporte à la connaissance et à la compréhension des concepts et des idées » (Benjamin Bloom, Wikipédia).
Bien que ces trois domaines constituent l’essence de la taxonomie de Bloom, la littérature scientifique des dernières décennies s’est surtout attardée au domaine cognitif.
Dans le domaine cognitif, Bloom définit six niveaux de comportement intellectuel qui sont importants pour l’apprentissage. Ces niveaux sont ordonnés du simple vers le complexe et du concret vers l’abstrait. Des verbes d’action sont associés à chacun des niveaux permettant ainsi de formuler des objectifs d’apprentissage qui s’y rattachent (Niveaux et types d’apprentissage, EduTech Wiki). Avant de définir ce que représente chacun des six niveaux reliés au domaine cognitif, voici une carte conceptuelle illustrant l’ensemble de la taxonomie de Bloom, soit ses trois domaines ainsi que les verbes qui sont associés à chacune de ses composantes :
Lorsqu’un enseignant ou un concepteur identifie le verbe qu’il utilisera dans la composition d’un objectif d’apprentissage et lorsqu’il utilise une microstratégie appropriée, voici la transformation cognitive qu’il sera en mesure d’observer chez l’apprenant en fonction du niveau taxonomique dans lequel s’insère son objectif d’apprentissage :
« 1. Le premier niveau taxonomique vise à retenir la connaissance. L’apprenant observe et se souvient de l’information.
2. Le deuxième niveau vise à comprendre le sens littéral du message. L’apprenant comprend l’information et en saisit le sens.
3. Le troisième niveau taxonomique vise à appliquer un principe. L’apprenant utilise l’information et utilise des méthodes.
4. Le quatrième niveau vise à analyser un ensemble complexe. L’apprenant voit les modèles et organise les parties.
5. Le cinquième niveau vise à faire une synthèse. L’apprenant utilise des idées pour en créer de nouvelles.
6. Le sixième niveau vise à évaluer sa propre production ou celle d’autrui. L’apprenant compare et discrimine les idées » (Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse (s.d.).
Comparaison avec la taxonomie de Bloom révisée
Il est à noter qu'à ce jour, lorsqu’il est question de la taxonomie de Bloom, la majorité des auteurs font habituellement référence à la taxonomie de Bloom révisée en 2001 par Anderson et Krathwohl.
Dans la taxonomie originale de Bloom (1956), le morcellement des contenus d'apprentissage favorisé par l'approche par objectifs est pointé du doigt. En effet, on déplore qu'un trop grand découpage des contenus serait réducteur et contribuerait à créer une perte de sens chez l'apprenant qui n'aurait qu'une place d'exécutant. Ce dernier ne prendrait pas part à la découverte progressive des contenus d'apprentissage en suivant sa propre progression. C'est le cas de Nguyen et Blais (2007, p.232) qui parlent plutôt de cloisonnement des objectifs selon leurs domaines (cognitif, psychomoteur et psychoaffectif) et d'une sous-représentation des objectifs de haut niveau taxonomique.
Cantin (2011) souligne que la taxonomie de Bloom révisée, met plutôt l'emphase sur l'approche par compétences. Ce modèle constitue une réponse aux limites de l'approche par objectifs en privilégiant « le développement d'apprentissage à partir de situations authentiques et de problèmes complexes » (Nguyen et Blais, 2007, p.232). La taxonomie de Bloom révisée par Anderson et Krathwohl en 2001 conserve les six niveaux hiérarchiques de la taxonomie originale, mais y apporte d'importants changements : trois niveaux ont été renommés et deux ont été déplacés. Bien que la taxonomie révisée propose une structure hiérarchique des niveaux taxonomiques, elle le fait de façon beaucoup moins rigide que la taxonomie originale (Krathwohl, 2002, p.218).
Conditions favorisant l’apprentissage
Comme la taxonomie de Bloom est un modèle et se situe à un niveau supérieur aux macrostratégies et aux microstratégies, il est impossible de déterminer précisément quelles conditions d’apprentissage elle vient favoriser. Elle n’est pas directement liée à l’apprenant comme le serait, par exemple, la microstratégie utilisée pour atteindre un objectif d’apprentissage. Toutefois, la taxonomie de Bloom est utilisée dans l’intention de déterminer les objectifs d’apprentissage à atteindre par l’apprenant et en ce sens, il est possible d’affirmer que son but ultime est quand même de favoriser l’apprentissage.
Niveau d’expertise des apprenants
Le modèle peut être adapté à tous les niveaux d’expertise des apprenants (débutant – intermédiaire – avancé).
Type de guidage
Déterminer un type de guidage est difficilement réalisable pour la taxonomie de Bloom qui est un modèle. Plus on s’éloigne de la microstratégie, moins il est question de « guidage ». Cette catégorie ne semble donc pas pertinente à la Taxonomie de Bloom.
Type de regroupement des apprenants
Comme la taxonomie de Bloom n’est pas une activité d’enseignement-apprentissage en elle-même, cette section concernant le type de regroupement des apprenants ne s’applique pas.
Milieu d’intervention
La taxonomie de Bloom peut être utilisée dans n’importe quel milieu d’intervention : école de niveaux primaire, secondaire, collégial, universitaire ainsi que dans les milieux de travail, etc.
Conseils pratiques
Bibliographie
Anderson, L. (2004). Accroître l'efficacité des enseignants (2ème, éd.). Récupéré le 5 février 2015 du site de l'UNESCO http://unesdoc.unesco.org/images/0013/001376/137629f.pdf
Basque, J., Contamines, J. et Maina, M. (2010). Introduction à l'ingénierie pédagogique. Montréal : Université du Québec à Montréal et Télé-Université. Repéré de http://benhur.teluq.uquebec.ca/SPIP/inf9013/IMG/pdf/Introduction_a_l_ingenierie_pedagogique_JBasque.pdf
Krathwohl, D. R. (2002). A revision of Bloom’s taxonomy : An overview. Theory Into Practice, 41(4), 212-218.
Legendre, R. (1988). Dictionnaire actuel de l'éducation. Guérin.
Nguyen, D-Q. et Blais, J-G. (2007). Approche par objectifs ou approche par compétences? Repère conceptuels et implication pour les activités d’enseignement, d’apprentissage et d’évaluation au cours de la formation clonique. Pédagogie Médicale, 8(4), p.232-251.
Webographie
Benjamin Bloom. (2014, mise à jour 20 août). Dans Wikipédia. Récupéré de http://fr.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Bloom
Cantin, J. (2011). La taxonomie d'Anderson et de Krathwohl. Récupéré de https://www.youtube.com/watch?v=RBPJBxBvPh0
Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse. (s.d.). La taxonomie de Bloom. Récupéré de http://enseignants.insa-toulouse.fr/fr/ameliorer_mon_cours/les_concepts_de_base/la_taxonomie_de_bloom.html
Modèle. (2014, mise à jour 25 avril). Dans WikiTEDia. Récupéré de http://wiki.teluq.ca/TED6210/index.php/Mod%C3%A8le
Niveaux et types d’apprentissage. (2014, mise à jour 6 novembre). Dans EduTech Wiki. Récupéré de http://edutechwiki.unige.ch/fr/Niveaux_et_types_d%E2%80%99apprentissage
Type de stratégie. (2014, mise à jour 25 avril). Dans WikiTEDia. Récupéré de http://wiki.teluq.ca/TED6210/index.php/Mod%C3%A8le
Veille informationnelle (ressources disponibles pour améliorer la fiche)
Centre E-learning de l'université Ibn Zohr d'Agadir. (2017). La taxonomie de Bloom. [Vidéo en ligne]. Récupéré de https://www.youtube.com/watch?v=bkdCiPr38uQ
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